Chers frères et sœurs en Christ bonjour.

Saint Jean, dans ce passage, nous place devant trois attitudes profondément contrastées : celle des scribes et des pharisiens ; celle de Jésus face à eux ; et celle de Jésus envers la femme adultère. Ces attitudes révèlent un chemin de conversion auquel nous sommes tous appelés, particulièrement en ce temps de Carême et en cette Année de l’Espérance.

1 – L’attitude des scribes et des pharisiens : une condamnation sans appel

Les scribes et les pharisiens amènent devant Jésus une femme qu’ils exposent « au milieu » (v. 3), comme une coupable déjà jugée et condamnée. Ils cherchent moins la justice que l’accusation, en utilisant la Loi comme une arme. Leur cœur est fermé à la miséricorde. Ils enferment aussi cette femme dans son péché en la privant d’avenir. Ils ne voient en elle qu’une faute, un motif de condamnation très grave.

En effet, cette attitude questionne aussi nos propres regards envers les autres dans notre vie quotidienne. Ne sommes-nous pas tentés, nous aussi, de figer l’autre dans ses faiblesses ? De juger, de l’enfermer dans une étiquette et de penser que rien ne peut changer dans sa vie ? La dureté du cœur du chrétien est un grand obstacle à la miséricorde et, par là même, à l’espérance.

2 – L’attitude de Jésus face aux accusateurs : le silence qui appelle à la conscience

Jésus ne répond pas tout de suite. Il se baisse et écrit sur la terre. Ce geste énigmatique marque une pause, un espace de silence qui rompt la spirale de la violence. Puis il prononce ces mots : « Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette le premier une pierre » (v. 7). Jésus ne nie pas la gravité du péché, mais il déplace la question vers le cœur de chacun de nous. Il invite à une prise de conscience humble, car nous sommes tous des pécheurs devant Dieu. Alors, un à un, les accusateurs s’en vont en silence, laissant la femme seule avec Jésus. Dans cette attitude, Jésus nous enseigne la patience, le respect de la liberté, et la force du silence intérieur qui ouvre à la vérité de soi.

3 – L’attitude de Jésus envers la femme : la miséricorde qui relève et ouvre un avenir

Jésus reste seul avec la femme, non pour la condamner, mais pour lui révéler une dignité nouvelle.
« Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus » (v. 10-11). Jésus ne minimise pas le péché, mais il ouvre un chemin de pardon en lui faisant confiance. Il croit qu’elle peut repartir de nouveau, se relever et vivre autrement. La miséricorde du Christ n’efface pas le passé, mais elle le transforme en point de départ vers une vie nouvelle. C’est une miséricorde qui redonne la liberté, qui rend l’espérance possible. Quelle interpellation pour chaque chrétien aujourd’hui, en cette Année de l’Espérance ?

Ce passage d’Évangile est un appel fort à vivre comme des artisans d’espérance.
Dans notre monde, souvent tenté par le jugement, le repli ou le découragement, Jésus nous invite à poser un regard neuf sur les personnes et les situations : À la manière de Jésus, sommes-nous capables de faire tomber les barrières et les pierres de nos jugements hâtifs au quotidien ? Pouvons-nous, dans nos relations communautaires, familiales, ecclésiales, laisser la place au silence intérieur, à l’écoute de la conscience pour accueillir l’autre avec bienveillance ?

Savons-nous croire en la possibilité, pour chacun, de se relever, d’être réconcilié et de repartir vers une vie renouvelée ?

Retenons que l’espérance chrétienne est enracinée dans cette conviction que la miséricorde a toujours le dernier mot.
Jésus nous appelle à être témoins et porteurs de cette espérance là où nous sommes : en relevant ceux qui sont à terre, en refusant de condamner, et en ouvrant des chemins de vie là où tout semble perdu.

Que ce temps fort de Carême nous prépare, par la grâce de Dieu, à devenir des semeurs d’espérance et de miséricorde dans nos communautés et dans le monde. Amen !